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samedi 6 septembre 2014

Gine Guibout, art-thérapeute

Les albums de coloriage pour adultes foisonnent dans les librairies et papeteries. Gine Guibout, art-thérapeute, donne son avis sur la question.



En quelques mois, les modèles se sont multipliés dans nos librairies. Il ne s’agit pas de romans, mais de livres de coloriage pour adultes, estampillés du terme « Art-thérapie », et présentés comme des remèdes antistress.
Est-ce justifié ? Artiste et art-thérapeuthe, à La Carneille, Gine Guibout, art-thérapeute diplômée depuis 2003, a un avis bien tranché sur la question. « J’ai vu une explosion du mot art-thérapie. C’est quelque chose qui m’a surprise. Je trouve que ça va dans le sens du langage publicitaire et marketing d’aujourd’hui, où l’on utilise couramment des mots empruntés à des disciplines scientifiques, philosophiques ou autres pour parler d’un élément concret connu de tous depuis des lustres. »
Si le retour des crayons de couleurs et des dessins dans le quotidien des adultes n’est pas, à ses yeux, une mauvaise chose, l’art-thérapeute tient également à rappeler ce qu’est la mission de l’art-thérapie.




" Il existe des écoles depuis plus de 40 ans en France, mais cela restait très confidentiel. L’art-thérapie est un terme que l’on n’entendait pas dans le grand public, mais plutôt dans des milieux de soins très spécialisés."


Rééducation

L’art-thérapie s’adresse, dans les milieux médicaux, aux personnes en difficultés psychiques ou physiques. Ponctuellement, les services médicaux peuvent s’adresser aux art-thérapeutes pour apporter du soin à ces personnes par l’art, en vue de réanimer le désir de faire, d’améliorer l’image de soi… « En général, l’art-thérapeute, dans sa pratique, peut aborder plusieurs disciplines artistiques. L’activité de coloriage ou la conception de formes sera plutôt utilisée par les ergothérapeutes à des fins de rééducation fonctionnelle ou cognitive. »
Un élément dans ces parutions interpelle plus particulièrement l’artiste et thérapeute : l’utilisation de mandalas, tirés du bouddhisme, ou encore des rosaces et vitraux, évoquant plus la religion catholique« Ils appellent cela de l’art-thérapie, en utilisant des exemples plastiques sans explication. Je n’ai vu que très peu de livres utilisant le mandala en expliquant ses origines, et d’où il vient. Le plus souvent, ce sont des livres de coloriage !  »

Du calme et des bienfaits

En individuel comme en travail de groupe, Gine Guibout travaille sur des mandalas que ses patients créent, comme une façon de se mettre en œuvre. « Mon but est de créer une dynamique d’entraînement de la personne ou du groupe favorisant le plaisir de faire et de réaliser. Pour tendre vers cet objectif, le mandala est un des outils parmi tant d’autres que je peux mettre à leur disposition ». Gine Guibout exerce l’art-thérapie notamment au centre médico-psychologique adulte de Flers dans le cadre d’une cession programmée chaque année.

« Devant ces livres de coloriage qui ont fleuri au seuil de l’été, la personne est seule, il n’y a pas d’échange sur le travail réalisé. 

Au final, cet effet de mode apporte-t-il quelque chose ? « Cette activité est bénéfique au même titre que des travaux sur modèle en point de croix. C’est un exercice de concentration, qui permet de retrouver un peu de calme, et un moment à soi. Je pense que cela à des bienfaits… mais l’utilisation du terme art-thérapie n’est pas appropriée. »
Il n’y a donc pas de mal à ressortir les crayons de couleurs de ses enfants. « La couleur est une énergie, on se fait du bien en l’utilisant », conclut Ginette Guibout. ” Colorier permet de se recentrer, et de quitter la folie du mouvement. “

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